01/12/2008

les amours de la marquise


"Les Apparences trompeuses
ou les amours du duc de Nemours et de la marquise de Poyanne"





La marquise de Poyanne est l'héroïne du roman attribué au sulfureux Courtilz de Sandras, rédigé en 1694 est publié, posthume, en 1715. Cet auteur, enfermé pour 9 ans à la Bastille en 1702 pour publications scandaleuses, est aussi l'inspirateur d'A. Dumas par ses Mémoires de M. d'Artagnan.

Le roman a pour cadre historique la Fronde, mais l'auteur n'utilise le cadre de la guerre civile et les évènements de 1646 à 1652 connus du public que pour donner une allure historique et de vérité à son récit.

Le duc de Nemours est alors un des chefs de l'armée du Prince de Condé, tué en duel le 30 juillet 1652 par le duc de Beaufort, son beau-frère.

La marquise de Poyanne est Jeanne Marie de Castille de Castelnau,  mais elle est bien peu connue à l'époque et encore moins mêlée à de telles aventures. Il semble donc que l'auteur s'est seulement emparé du nom et inventé à loisir, même si l'on peut supposer qu'ancien militaire lui-même, il connaissait le marquis Henri Gabriel de Baylenx et son rôle dans les guerres de la Fronde en Gascogne

Venue a Paris pour solliciter les procès de son mari ayant des embarras d'argent , la marquise apparaît un jour à la Cour, à l’occasion d’un bal du Prince de Condé. Nemours la remarque, et en devient amoureux . Il lui offre des bijoux pour paraitre à la Cour. Elle-même est peu à peu consciente que ce qu’elle ressent est de l’amour.
Elle est mariée, à un homme qu’elle n’aime pas mais qu’elle respecte. Aussi avouera-t-elle son amour, mais elle ne cédera pas .
Le marquis de Poyanne monte à Paris pour s'occuper lui-même de ses procès, malgré son serment de ne plus jamais sortir de ses terres. Alors même qu'il se trouve confronté à des créanciers impatients qui font saisir une de ses terres, son épouse semble gaspiller son argent en parures. Dévoré de jalousie, il exile sa femme en province ...où le duc la rejoint discrètement.

Revenue remplacer son époux dans les procès , la marquise devient la maitresse du duc de Nemours. Après de multiples péripéties et intrigues galantes, jalouse et aigrie, Madame de Chatillon en informe le marquis de Poyanne qui remonte aussitôt a Paris, renvoie sa femme dans ses terres et va défier Nemours en duel. Celui-ci accepte, mais demande deux jours de délai. C’est qu’en fait il a un démêlé avec le duc de Beaufort, et qu’il doit se battre d’abord avec ce dernier. Ils se battent et Beaufort tue Nemours.

"Cette nouvelle aussitôt répandue par Paris, M. de Poyanne se sentit une joie secrète de l’aller dire à sa femme qu’il avait laissée couchée lorsqu’il était sorti de chez lui pour aller chez son avocat. L’affliction dans laquelle elle fut plongée à la nouvelle de la mort de son amant termina ses jours à un âge si peu avancé, que lorsqu’elle mourut, elle était encore aussi fraîche et tout aussi belle qu’elle l’avait jamais été dans le temps que chacun était dans l’admiration de sa beauté".

Et, effectivement, la marquise Jeanne Marie de Poyanne est décédée dans son château en octobre 1653 , quelques mois après de Duc de Nemours.



Dans ce récit qui se situe dans les années 1639 à 1653, la jeune marquise de Poyanne ( qui serait alors Jeanne Marie de Castelnau Castille, épouse d'Henry Gabriel de Baylenx) apparut pour la premiere fois parmi les dames de qualiité de la Cour et de Paris lors d'un grand bal donné à l' hôtel  de Condé.où elle a été invitée par la comtesse de Tourville.  Elle y était si charmante qu'elle effaça la galante et ambitieuse duchesse de Châtillon qui passait pour la plus belle de la Cour .Du moment qu'elle parut, chacun se demanda qui elle était, bien que ce fut une dame de qualité dont le mari était Cordon  Bleu ( en fait il n est fait chevalier du Saint-Esprit qu'en 1661) et homme de Service. Personne ne la connaissait, elle n'était jamais venue à la cour et  c'était là la la premiere fois qu'elle avait paru en si bonne compagnie. Le marquis l'avait épousée à l'age de dix huit ans ( elle a 19 ans à la date du mariage célébré en 1639) alors qu' il était déjà d'un age avancé (  Henri de Baylenx a alors 38 ans ) . Il avait prétendu se consoler avec elle de n'avoir pas réussi à la Guerre où il avait disputé au vicomte de Turenne un prestigieux régiment de cavalerie. Le chagrin que le marquis de Poyanne avait eu de ce que le vicomte de Turenne lui avait été préféré, lui avait fait quiter le Service, juré de ne plus jamais revenir à la Cour , et il s'etait retiré dans ses terres après avoir épousé quelques temps après la belle marquise. S’étant ainsi retiré de la Cour sans prendre congé pour n’avoir pas obtenu un régiment que le Roi destinait au Vicomte de Turenne puis, cessant de bouder et ayant sollicité la permission d’y retourner, le Roi lui aurait fait répondre qu’il pouvait rester où il était, dans ses terres de Gascogne. Ce retour ne fut finalement autorisé, en octobre 1665, que par l'intervention du maréchal duc de Gramont.




La marquise se fit ensuite  présenter à la reine-mère et s'employa ensuite de se trouver au Cercle tous les jours. Sa beauté y fit beaucoup de bruit aussitôt qu' elle y parut. Comme elle dansait bien , elle eut un accès plus facile au Roi. Mais si elle était sans doute la plus belle et la plus charmante de toutes celles qui avaient    l 'honneur de danser avec le roi, elle avait le malheur de n'être pas une des plus riches, bien loin de là.. C est là le point de départ de l' intrigue, dès lors que le duc de Nemours amoureux, fit retarder l'issue du procès pour lequel est est venue, pour la retenir à Paris,  lui confiant, en sous-mains, de riches parures pour briller à la Cour.

Le marquis de Poyanne est pour sa part évoqué comme un homme endetté de plus de 250 000 livres et menacé de saisie reelle de ses terres par ses créanciers 





Charles Amédée de Savoie, duc de Nemours( 1624-1652),
 chef de la maison de Savoie depuis 1641

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