29/12/2008

1620 - en Béarn



Louis XIII


1620

Malgré l'opposition du Parlement de Navarre, Louis XIII est décidé à lier définitivement le sort du Béarn et de la Navarre à celui de la France et y rétablir le culte catholique.

S’opposant à la vérification de l’édit du roi signé en 1617, dit de mainlevée des biens ecclésiastiques, pour le rétablissement du culte catholique romain en Béarn, les protestants du pays continuent de s’agiter, soutenus par leur gouverneur Jacques Nompar de Caumont, compagnon d’Henri IV , futur duc de La Force. Les doléances se multiplient, les négociations s’éternisent, la guerre civile menace

Louis XIII résout dès lors de se diriger vers le Béarn avec une armée. Venant de Bordeaux le 10 octobre, il passe à Grenade sur Adour le 13 et parvient à Pau le 15 où il est reçu très froidement. De là, il se rend à Navarrenx le 17, et s’empare de la place forte et arsenal. Il y nomme Bernard de Poyanne (« papiste et estranger » s’indigne un contemporain anonyme en 1620) comme nouveau gouverneur, à la place du très vieux et protestant M. de Salles qui reçoit en compensation un brevet de maréchal de camp. En retournant à Pau, le roi laisse à Navarrenx quatre compagnies d’infanterie en l’attente de la levée par le nouveau gouverneur des soldats devant en composer la garnison.

Poyanne remercia Luynes a qui il devait sa nomination Celui-ci lui répondit :
« Vous ne m’avez nulle obligation. Je ne connaissais pas votre personne mais je connaissais votre mérite et vos services, et je dois tant au roi que je ne puis m’acquitter envers lui qu’en le faisant souvenir de ceux qui le servent bien »


Navarrenx


Un édit du 20 octobre réunit à la couronne de France les restes de l’ancien royaume de Navarre, la Basse Navarre et le Béarn, désormais soumis à un Parlement de Pau réorganisé

Poyanne confie son tout jeune fils (10 a) en qualité de cadet à Louis de Pontis lieutenant d’une compagnie du régiment de Champagne composés de Gardes du Roi, alors en Béarn, et gouverneur de la place d’Oloron que lui avait obtenu le marquis. Le jeune cadet le suit donc aux sièges de Saint Jean d’Angély puis Montauban avant de prendre ses quartiers d’hiver à Brouage. En 1622 c’est Royan et la Rochelle.


1621


Poyanne, bien que le seul fidèle à l’autorité royale, mais se sentant soutenu par le roi et le cardinal de Richelieu, commande le pays avec rudesse, « fait son petit chef » , intrigue, menace le Béarn, Orthez, Pau, rassemble des troupes en Guyenne Chalosse Bigorre et Armagnac. Il reçoit même la charge de maréchal de camp avec commission pour commander aux garnisons royales laissées dans le pays. Le duc d’Epernon reçoit des ordres du roi pour venir avec quatre mille hommes et de la cavalerie

Par provision du 20 avril 1621, il est créé lieutenant général de Navarre et Béarn, ainsi que des villes d’Orthez, Sauveterre, Morlaas et Nay qui reçoivent des garnisons.

Louis XIII a pourtant laissé au protestant La Force le gouvernement du Béarn, mais sous surveillance (Il se voit même retirer la compagnie des gardes du roi). De fait, tout est fait par Poyanne le catholique pour qu il n’en ait plus que le titre et ne soit plus reconnu.

Mais la soumission du Béarn ne dure guère après le départ du roi. Les neveux du gouverneur destitué, les frères Bensin, cherchent à s'emparer de Navarrenx par surprise. Leur complot est déjoué et on pend une dizaine de suspects. L'un de ces frères se saisit du château de Mongiscard, près d’Orthez, et s'y fortifie. Poyanne rassemble et y mène 2500 hommes de pied et 300 chevaux y met le siège le 5 mars et réduit le rebelle qui capitule le 11 mars.

La Force prend le parti de la révolte, rassemble des troupes à Nay, Lescar et Morlaas, fait des travaux de fortification à Pau. Poyanne dénonce ces louches manœuvres tant et si bien qu’il obtient que le roi prive La Force de sa charge et donne le gouvernement de Béarn au marquis maréchal de Themines le 20 avril. Menacé, en disgrâce et sommé de désarmer, c’est pour lui et son fils un affront, un outrage, une injure qu’on oblige un vieux gouverneur de Province de plier devant un gouverneur de ville

Le roi fait marcher rapidement le duc d'Epernon sur le Béarn. Alors que ce dernier se rend maître d’Orthez, La Force quitte Pau, se rend à Bergerac où son fils est gouverneur et rejoint aussitôt les Huguenots révoltés. Il y dirige avec le duc de Rohan le soulèvement des protestants, avant de se rendre à Montauban, capitale protestante. Il défend, avec succès, la ville assiégée en vain par Louis XIII d’août à novembre. L’année suivante, il s'empare de Sainte-Foy, et n'en ouvre les portes au roi et ne se soumet le 24 mai que moyennant une indemnité de 20.000 écus et le bâton de maréchal. (Il servira dès lors le Roi de longues années avant de se retirer dans son duché du Périgord ou il mourra en 1652 a l age de 97 ans)


1622


Au printemps 1622, Poyanne est amené à quitter le Bearn pour s’opposer aux soulèvement qui naissent dans les Lannes et le Marsan et reprendre, en mai, la ville de Mont de Marsan au baron de Castelnau.

Tout étant rentré dans l’ordre, il quitte les Landes et revient prendre à Navarrenx ses occupations un instant interrompues. Il faut savoir que cette place nécessite une vigilance permanente, d’autant que l’ennemi peut se trouver à l’intérieur de la ville comptant un grand nombre de protestants, même parmi les officiers de l’arsenal maintenus à leur poste après la reddition .

En octobre 1622, on découvre et réprime une conspiration tramée par un caporal de la garnison.Une lettre de Lomenie laisse croire que les premiers avis de cette conspiration seraient venus de la cour :

"Monsieur, ce que vous apprendrez par mes lettres controuve ce qui est contenu en celle du Roy, an lieu (de) la paix générale (on) fait la guerre à Navarrins. De fait Sa Majesté a este advertye qu'un caporal de votre garnison qui despuis peu s’est fait catholique, tramait une conjuration, et m’a commandé de le vous mander et que vous ayez a en faire une exacte recherche et à le presser pour savoir la verity, et de continuer a estre sur vos gardes, car quoique en apparense tout soit en repos, s’y est-ce que vous avez a vous garder et a m'aymer comme je vous en supplie puisque je suis, Monsieur, votre plus humble et tres aflfectionné serviteur".

Tout le monde du reste est las de la guerre. Les chefs du parti protestant n'aspirent plus qu'au repos. Les succès remportés par les armées du roi dans le Languedoc achèvent de les disposer à traiter de la paix. Elle est conclue le 21 octobre 1622 par la confirmation de l’édit de Nantes.


la citadelle de Navarrenx (1753)


1 commentaire:

Agnès Himeur a dit…

Bonjour monsieur,
vos blogs sont extrêmement intéressants. Mais vous serait il possible de citer vos sources. Je fais moi-même des recherches sur un village des Landes et, en tant qu'universitaire, je suis très pointilleuse sur la citation de mes sources. Je ne peux raisonnablement pas citer vos articles si je ne sais pas quelles sont vos sources. Je pense que vous le comprendrez.