31/12/2008

1580 - prise de Mt-de-Marsan







Septembre 1580

Dès le mois d avril 1580, les hostilités ont repris en Guyenne pour une nouvelle guerre de religion entre le roi de Navarre et Henri III.

Le marquis de Poyanne, Bertrand de Baylenx, est alors considéré comme un des plus braves gentilhommes de la Gascogne et un des meilleurs et vaillants officiers du parti catholique qu’on put employer selon le maréchal de Montluc

Preuve en est, le 18 septembre, son entreprise hardie et rusée sur la ville de Mont- de- Marsan appartenant au protestant Henri de Navarre.

Informé du départ d’une partie de la garnison ayant abandonné la ville (après une brouille de son gouverneur avec un capitaine nommé Poudens), il compte profiter de l’occasion, alors même que la veille, un de ses soldats est capturé et dévoile les intentions du marquis au gouverneur qui n’en croit rien.

Il gagne le meunier d’un moulin proche des murailles et dans lequel il entre, de nuit, par escalade, avec son lieutenant Lartigue, suivis d’une trentaine de ses gens. A la faveur de cet avantage il aboutit facilement au pied des murs, près de la porte principale de la haute ville dans laquelle est situé le château. De là, il attaque le corps de garde lorsque celui-ci ouvre pour la ronde dans le faubourg clos et pénètre dans la place. Blessé à la main lors du combat qui suit ( "de sorte qu'il y fut estropié de la main droite d'un coup d'épée" - Dupleix-Histoire de Henri III-1650), il réussit a faire ouvrier une seconde porte dite de Campet devant laquelle attendent deux cents hommes ayant franchi la Midouze à gué, et dirigés par Etienne de Borda, le maire de Dax

Cette entreprise lui coûte vingt cinq tués, mais il est maître de la ville. Il réclame alors le secours des renforts et les canons du maréchal de Biron, commandant des troupes de Guyenne, pour s’emparer du château dans lequel s’est réfugié le gouverneur Antoine de Mesmes avec sa garnison. La résistance ne dure pas et ce qui reste de la garnison « huguenote »se rend avec les honneurs.

Poyanne prend possession de la place et ne manque pas d’en réclamer aussitôt la démolition.

Le roi de Navarre en obtient cependant la suspension par l’intervention d’Henri III et, deux mois plus tard, la paix signée à Fleix mettant fin à cette septième guerre de religion lui restitue la ville.
Cependant, le gouvernement royal et le maréchal de Matignon tergiversant de longs mois, Henri se résout à la reprendre de force…et de nuit, en plein orage, par un semblable coup de mains, en novembre 1583, avant d’y séjourner tout l’hiver.. (Navarre fit son entrée le 22 11 1583 et y réside r jusqu au 17 janvier suivant.)




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30/12/2008

1610 - querelle avec Gramont


Différent ou fâcherie d'honneur
« pour quelques paroles et rapports qui se sont tenus au désavantage les uns des autres »
1610 - 1613



Henri IV vient d’être assassiné .Sa veuve, Marie de Médicis, couronnée reine la veille du drame, assure alors la régence du fait de la minorité de Louis XIII âgé de neuf ans. Mais la jeunesse du roi et la régence d'une femme, donnent une apparence de faiblesse, qui réveille les passions et excite l’inconstance des grands. Ainsi, surviennent des querelles à la cour, des querelles en province, des prises d'armes partout, la guerre et la paix se font à la fois entre la reine, les princes, les grands du royaume et même les simples seigneurs.

Bertrand de Baylenx, le vieux baron de Poyanne qui vient d’abandonner à son fils Bernard l’entière direction des affaires de la sénéchaussée, se trouve mêlé à ces troubles mais c’est avec le comte de Gramont que la querelle s’envenime au point de mettre en émoi tout le pays entre Dax et Bayonne et préoccuper même la Cour.

Antoine II de Gramont, qui passe pour être un fils illégitime d’Henri IV avec Diane d’Andoins, est connu pour avoir un caractère austère, inflexible et batailleur. Né en 1572, il est comte de Gramont et prince de Bidache, comte de Guiche, comte de Toulongeon et vicomte puis comte de Louvigny, vicomte d’Aster et seigneur puis baron de Lescun, seigneur puis baron d’Andoins, seigneur puis baron d Hagetmau. C’est aussi le gouverneur de Bayonne et du Labourd.

Or le comte est accusé de ne pas être étranger à la mort, de son épouse Louise de Roquelaure suite aux soupçons sur une intrigue galante et infidélité. De retour de chasse il l’a surprise dans les bras de son écuyer, un nommé Marfisian, qu’il tue aussitôt. Il organise même un procès qui le condamne en plus à avoir la tête tranchée. Un autre procès criminel contre l’épouse est en cours devant le Parlement de Bordeaux, avant d'être soumis à la cour de justice de Bidache, aboutissant à sa condamnation. Or, avant son exécution, l'épouse meurt dans des conditions suspectes le 9 novembre 1610 (empoisonnée selon les uns, tombée dans un puits profond par l’écroulement du plancher de la chambre où elle a été assignée à résidence selon les autres).S’ensuit une brouille avec le beau-père, le baron de Roquelaure lieutenant général au gouvernement de Navarre et Béarn.

Mais un autre différent ou fâcherie d’honneur naît entre Gramont et Bertrand de Baylenx « pour quelques paroles et rapports qui se sont tenus au désavantage les uns des autres ». Peut-être qu’une allusion à cette sombre affaire est à l’origine de la querelle.
Cette querelle s’envenime à tel point qu’un homme est chargé par le roi de les accommoder. La périlleuse tâche est confiée à Jacques Nompar de Caumont, le duc de La Force, capitaine des gardes du roi, gouverneur et lieutenant général de Navarre et Béarn. C’est un protestant qui fut un fidèle compagnon d'Henri IV (il était dans le carrosse du roi lors de son assassinat).

Le 22 juillet le roi écrit à la Force afin que celui-ci se trouvant sur place, fasse en sorte d’apaiser l’affaire en organisant un aimable accommodement. Il lui fait transmettre un mémoire et ses instructions afin que ces divisions ne portent préjudice au calme précaire de la province. La reine fait dépêcher un émissaire par le prince de Condé. C’est alors le sage sieur de Coulonges, conseiller du Prince, qui transmets lettres et instructions.
Le 6 août, La Force occupé en Navarre puis indisposé, et manifestement gêné de cette charge, n’a pas encore vu les intéressés mais envoie un gentilhomme se renseigner .Finalement, le 11 août, il indique à la reine que les deux sont venus à sa demande le voir à Orthez, sans accepter de se rencontrer, leur a remis les lettres du roi et de la reine, et tenté avec beaucoup de prudence de les ramener à la raison. Mais il fait état de la difficulté, tant ils sont aigris et brouillés. Gramont se dit offensé et s’étant plaint directement au roi ne veux rien céder avant d’avoir reçu réponse à ses griefs. Les deux gouverneurs en font une question d’honneur. C est un échec. La Force regagne Pau.
Lé 17 août, la reine mère fait alors part de ses craintes que cette querelle n’entraîne des désordres. Aussi écrit elle aux deux pour leur demander de se rendre à la cour au plus tôt. Elle en fait part à La Force le 10 septembre en lui demandant de rester sur place pour suppléer à leur absence et non de rejoindre ses quartiers dans les gardes comme cela était prévu deux fois par an.
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Gramont, venu voir la Force à Pau à la nouvelle de la mort de son fils Jacques tué au siège de Juliers, en Allemagne, l’assure qu’il est prêt à aller se défendre à la Cour. La régente l’y convoquant, il s’y rend en Octobre 1610 et y demeure une partie de 1611. Cet éloignement rétablit provisoirement le calme.

Pendant l'été, Poyanne, à la pressante invitation de Marie de Medicis* rend visite au prince de Condé venu à Bordeaux ( * lettre du 28 mai … « ...desirant qu’il y soit reccu honoré et respecté selon qu il appartient à sa qualité. Je trouve bon que vous-mesmes vous acquittiez de ce debvoir envers luy »).

Comblé des faveurs royales il devient gentilhomme ordinaire de la chambre, conseiller d’Etat, maréchal de camp et même, le 19 décembre, commandant pour le roi dans toute l’étendue du pays et sénéchaussée des Lannes. Un an plus tard, Marie de Médicis ajoute à ces charges celle de capitainerie du château de Saint-Sever, suite à la mort de Jean baron de Laas en place depuis 33 ans .

A son retour de la cour, Gramont n’est pas paru plus conciliant, si bien que les hostilités reprennent, et donc de nouvelles négociations sont nécessaires. Gramont veut des excuses, Poyanne refuse de sacrifier son honneur. Finalement, pressés et lassés, ils acceptent une entrevue chez le marquis de Roquelaure et la paix est enfin conclue en 1612.

Les deux gentilshommes, réconciliés par ordre de la reine régente, n'ont entre eux que des rapports indispensables, ceux que leur imposent les charges qu'ils remplissent en Navarre et Béarn; et encore, le comte de Gramont apporte t’il toujours dans ces relations officielles un reste d'aigreur et de rancune que son caractère altier, jaloux, vindicatif lui permettent difficilement de dissimuler. II n'est pas de tracasseries qu'il ne suscite au gouverneur de Navarrenx. II affecte en toute occasion d'agir en maître absolu dans le Béarn, au mépris des pouvoirs de lieutenant du roi dont Poyanne est investi. Encore qu’il soit probable que ce dernier n’est pas en reste, et qu'en toute occasion il lui rend la pareille.
Mais, au château de Poyanne où s’il s est retiré, le vieux baron Bertrand de Baylenx fatigué va de plus en plus mal et finit par s’éteindre en septembre 1613





22 07 1610
Le roi écrit à La Force et lui envoie un gentilhomme pour lui remettre un mémoire et ses instructions : rencontrer les deux fâchés pour connaître les raisons de la brouille et leur commander de se réconcilier. A défaut d accord il doit en rendre compte et interdire qu’ ils continuent à se chercher querelle, ni de faire aucune assemblée de leurs amis, ni ports d armes contre les ordonnances
11 08 1610
La Force rend compte à De Lomenie qu il a prié Gramont et Poyanne de venir le voir a Orthez. Il les a rencontré à plusieurs reprises mais pas ensemble par la mauvaise volonté de Gramont qui ne veut accepter que sur ordre du roi après que celui ci ait entendu ses plaintes. La Force estime alors qu il sera difficile de les accommoder, avant de retourner à Pau
Le même jour il écrit a Condé pour lui indiquer "les volontés sont merveilleusement altérées entre eux,les offenses grandes, la matière si embrouillée que ce n'est pas une affaire facile à démêler". Gramont a fait ses plaintes au roi et demande d attendre ses ordres
17 08 1610
La reine écrit de Paris à La Force en réponse a sa lettre du 06 pour exprimer ses craintes de désordres provoqués par la querelle
24 08 1610
La reine écrit a La Force en réponse a sa lettre du 11 reçue la veille et lui précise qu'elle a demandé à M Phelypeaux, secrétaire du roi, de lui faire entendre ce qui est de la volonté et intention du roi et sienne touchant à la querelle
16 09 1610
La reine écrit a La Force pour lui indiquer qu elle à écrit aux deux pour leur demander de venir la voir a Paris

11 09 1610
La Force écrit de Pau à De Lomenie. Il a vu Gramont venu le visiter a la suite de la mort de son fils et qui lui confirmé qu il était prêt à se rendre a la Cour
11 09 1610
La Force écrit a la Reine en réponse à ses lettres du 27 août pour lui indiquer qu il en a dépêché des copies à Poyanne et Gramont, et les a prié de se rendre a Orthez pour "travailler a cette affaire et rechercher les moyens de leur réconciliation"




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29/12/2008

1620 - en Béarn



Louis XIII


1620

Malgré l'opposition du Parlement de Navarre, Louis XIII est décidé à lier définitivement le sort du Béarn et de la Navarre à celui de la France et y rétablir le culte catholique.

S’opposant à la vérification de l’édit du roi signé en 1617, dit de mainlevée des biens ecclésiastiques, pour le rétablissement du culte catholique romain en Béarn, les protestants du pays continuent de s’agiter, soutenus par leur gouverneur Jacques Nompar de Caumont, compagnon d’Henri IV , futur duc de La Force. Les doléances se multiplient, les négociations s’éternisent, la guerre civile menace

Louis XIII résout dès lors de se diriger vers le Béarn avec une armée. Venant de Bordeaux le 10 octobre, il passe à Grenade sur Adour le 13 et parvient à Pau le 15 où il est reçu très froidement. De là, il se rend à Navarrenx le 17, et s’empare de la place forte et arsenal. Il y nomme Bernard de Poyanne (« papiste et estranger » s’indigne un contemporain anonyme en 1620) comme nouveau gouverneur, à la place du très vieux et protestant M. de Salles qui reçoit en compensation un brevet de maréchal de camp. En retournant à Pau, le roi laisse à Navarrenx quatre compagnies d’infanterie en l’attente de la levée par le nouveau gouverneur des soldats devant en composer la garnison.

Poyanne remercia Luynes a qui il devait sa nomination Celui-ci lui répondit :
« Vous ne m’avez nulle obligation. Je ne connaissais pas votre personne mais je connaissais votre mérite et vos services, et je dois tant au roi que je ne puis m’acquitter envers lui qu’en le faisant souvenir de ceux qui le servent bien »


Navarrenx


Un édit du 20 octobre réunit à la couronne de France les restes de l’ancien royaume de Navarre, la Basse Navarre et le Béarn, désormais soumis à un Parlement de Pau réorganisé

Poyanne confie son tout jeune fils (10 a) en qualité de cadet à Louis de Pontis lieutenant d’une compagnie du régiment de Champagne composés de Gardes du Roi, alors en Béarn, et gouverneur de la place d’Oloron que lui avait obtenu le marquis. Le jeune cadet le suit donc aux sièges de Saint Jean d’Angély puis Montauban avant de prendre ses quartiers d’hiver à Brouage. En 1622 c’est Royan et la Rochelle.


1621


Poyanne, bien que le seul fidèle à l’autorité royale, mais se sentant soutenu par le roi et le cardinal de Richelieu, commande le pays avec rudesse, « fait son petit chef » , intrigue, menace le Béarn, Orthez, Pau, rassemble des troupes en Guyenne Chalosse Bigorre et Armagnac. Il reçoit même la charge de maréchal de camp avec commission pour commander aux garnisons royales laissées dans le pays. Le duc d’Epernon reçoit des ordres du roi pour venir avec quatre mille hommes et de la cavalerie

Par provision du 20 avril 1621, il est créé lieutenant général de Navarre et Béarn, ainsi que des villes d’Orthez, Sauveterre, Morlaas et Nay qui reçoivent des garnisons.

Louis XIII a pourtant laissé au protestant La Force le gouvernement du Béarn, mais sous surveillance (Il se voit même retirer la compagnie des gardes du roi). De fait, tout est fait par Poyanne le catholique pour qu il n’en ait plus que le titre et ne soit plus reconnu.

Mais la soumission du Béarn ne dure guère après le départ du roi. Les neveux du gouverneur destitué, les frères Bensin, cherchent à s'emparer de Navarrenx par surprise. Leur complot est déjoué et on pend une dizaine de suspects. L'un de ces frères se saisit du château de Mongiscard, près d’Orthez, et s'y fortifie. Poyanne rassemble et y mène 2500 hommes de pied et 300 chevaux y met le siège le 5 mars et réduit le rebelle qui capitule le 11 mars.

La Force prend le parti de la révolte, rassemble des troupes à Nay, Lescar et Morlaas, fait des travaux de fortification à Pau. Poyanne dénonce ces louches manœuvres tant et si bien qu’il obtient que le roi prive La Force de sa charge et donne le gouvernement de Béarn au marquis maréchal de Themines le 20 avril. Menacé, en disgrâce et sommé de désarmer, c’est pour lui et son fils un affront, un outrage, une injure qu’on oblige un vieux gouverneur de Province de plier devant un gouverneur de ville

Le roi fait marcher rapidement le duc d'Epernon sur le Béarn. Alors que ce dernier se rend maître d’Orthez, La Force quitte Pau, se rend à Bergerac où son fils est gouverneur et rejoint aussitôt les Huguenots révoltés. Il y dirige avec le duc de Rohan le soulèvement des protestants, avant de se rendre à Montauban, capitale protestante. Il défend, avec succès, la ville assiégée en vain par Louis XIII d’août à novembre. L’année suivante, il s'empare de Sainte-Foy, et n'en ouvre les portes au roi et ne se soumet le 24 mai que moyennant une indemnité de 20.000 écus et le bâton de maréchal. (Il servira dès lors le Roi de longues années avant de se retirer dans son duché du Périgord ou il mourra en 1652 a l age de 97 ans)


1622


Au printemps 1622, Poyanne est amené à quitter le Bearn pour s’opposer aux soulèvement qui naissent dans les Lannes et le Marsan et reprendre, en mai, la ville de Mont de Marsan au baron de Castelnau.

Tout étant rentré dans l’ordre, il quitte les Landes et revient prendre à Navarrenx ses occupations un instant interrompues. Il faut savoir que cette place nécessite une vigilance permanente, d’autant que l’ennemi peut se trouver à l’intérieur de la ville comptant un grand nombre de protestants, même parmi les officiers de l’arsenal maintenus à leur poste après la reddition .

En octobre 1622, on découvre et réprime une conspiration tramée par un caporal de la garnison.Une lettre de Lomenie laisse croire que les premiers avis de cette conspiration seraient venus de la cour :

"Monsieur, ce que vous apprendrez par mes lettres controuve ce qui est contenu en celle du Roy, an lieu (de) la paix générale (on) fait la guerre à Navarrins. De fait Sa Majesté a este advertye qu'un caporal de votre garnison qui despuis peu s’est fait catholique, tramait une conjuration, et m’a commandé de le vous mander et que vous ayez a en faire une exacte recherche et à le presser pour savoir la verity, et de continuer a estre sur vos gardes, car quoique en apparense tout soit en repos, s’y est-ce que vous avez a vous garder et a m'aymer comme je vous en supplie puisque je suis, Monsieur, votre plus humble et tres aflfectionné serviteur".

Tout le monde du reste est las de la guerre. Les chefs du parti protestant n'aspirent plus qu'au repos. Les succès remportés par les armées du roi dans le Languedoc achèvent de les disposer à traiter de la paix. Elle est conclue le 21 octobre 1622 par la confirmation de l’édit de Nantes.


la citadelle de Navarrenx (1753)


28/12/2008

1649 - la Fronde






1649

Une conjonction de révoltes, populaire, parlementaire et aristocratique cristallise la haine sur le cardinal ministre Mazarin jugé trop puissant, et réclame sa disgrâce. La cour et la reine mère s’obstinent le maintenir au pouvoir. Le Prince de Condé, rejoint par Conti et la duchesse de Longueville, irrité de sa perte d’influence, entre ouvertement en résistance

Poyanne reste fidèle à la reine et à Mazarin qui l’en remercie d’ailleurs par une lettre ampoulée du 18 février.

Le roi convoque des Etats Généraux à Orléans pour le 15 mars. Poyanne est alors chargé d’assembler les Etats du Béarn et de la Navarre devant désigner les députés. Les Etats Généraux sont reportés au 15 avril, puis au 1er octobre. Les Etats de Béarn refusent, sans conséquence. Gramont, dans les secrets du pouvoir, doit rassurer Poyanne, convaincu qu’il est que ces Etats Généraux n’auront pas lieu.

Dès février des troubles éclatent dans le Marensin dont les habitants écrasés d’impôts refusent de payer de nouveaux subsides pour l’entretien des troupes cantonnées dans le pays. Quelques compagnies de Poyanne sont nécessaires pour les y contraindre.

En octobre les troupes de Poyanne partent rejoindre l’armée du duc d’Epernon pour venir au secours du Château-Trompette de Bordeaux, assiégé par le marquis de Sauveboeuf. Celui-ci commande en effet les troupes levées par le Parlement de Bordeaux en conflit ouvert avec leur le duc gouverneur.

La guerre civile commence et s’étend en Guyenne. On pille, on brûle, on ravage

1650

En Janvier Condé, Conti et Longueville sont arrêtés. Leurs amis soulèvent la Guyenne.

Fidèle au duc d’Epernon, Poyanne n’en essaie pas moins de faire soulager son pays des charges qui pèsent pour l’entretien de ses troupes. Les régiments se succèdent en effet dans tout le pays Sa ville de Dax est en grande misère ; les habitants, les officiers du roi et de la ville la quittent. On en est à demander de l’aide à la ville de Bayonne, et un prêt de 30 000 livres à un négociant pour éviter un pillage général des vivres restant par la population.

Fin juin, alors que Poyanne est parti à la Cour (on lui a promis quelque chose qu’il essaie d’y obtenir), le vicomte d’Orthe et quelques notables, dont l’avocat du roi, Compaigne , ennemi du marquis, complotent et manquent de peu de faire tomber la ville aux mains de la Princesse de Condé à l’occasion d’une révolte populaire contre le lieutenant général, Charles d’Antin, pour la libération de suspects, dont un certain gentilhomme nommé Hanix. L’affaire n’échoue que par la trahison d’un garde du duc d’Enghien, nommé Desgrand, qui révèle le complot à Jean de Biaudos, marquis de Castera.

Cela ne va pas mieux à Navarrenx, où le frère cadet de Poyanne, baron de Laminsans, est confronté à des incidents notamment lors d’une distribution de vin que le marquis a fait envoyer

Le peuple n’en peut plus, cependant qu’à Bordeaux Mazarin amène le jeune roi combattre et assiéger les séditieux, et ne manque pas de réclamer le canon de Dax, alors à Bayonne.

1651

La Fronde du Parlement de Paris se rapproche de la Fronde des Princes. A la cour, le maréchal de Gramont négocie la libération des Princes, l’obtient et les ramène à Paris. Mazarin est contraint à l’exil en Rhénanie. Condé prend alors la tête de la Fronde.
Les Espagnols menacent les frontières de Poyanne qui, sur ses gardes, s’inquiète du mauvais état de sa place de Dax et du peu d’aide qu’il peut espérer de la Cour en ces circonstances troubles.

En l’absence de Gramont retenu à la Cour, il est chargé de convoquer les Etats de Béarn et Navarre.

Le 17 mai, le prince de Condé est nommé gouverneur de Guyenne à la place du Duc d’Epernon dont les bordelais ne veulent à aucun prix, mais doit fuir de Paris en juillet, de peur d’être arrêté à nouveau. Gramont, échouant dans sa tentative de l’y ramener, regagne Bayonne .manquant d’ailleurs d’être enlevé pendant son voyage.

Poyanne quant à lui semble toujours demander une promotion.

Le 7 septembre, Louis XIV, âgé de treize ans, est déclaré majeur par le parlement de Paris. Condé ne se sentant plus en sécurité, rompt avec la Cour, quitte Paris et se retire dans son Gouvernement de Guyenne à Bordeaux pour poursuivre sa lutte contre Mazarin, et commence les hostilités en Saintonge puis Dordogne.

Les menaces des espagnols, alliés de Condé, sur Bayonne et Dax se précisent. Le roi demande à Poyanne d’être vigilant et de se préparer à défendre sa ville. Le secrétaire d’Etat Phelipeaux assure Poyanne de l’assistance du maréchal de Gramont et de son frère le comte de Toulonjon .

Le colonel Balthazar (déçu par la reine ?) se résout à se ranger dans le parti du Prince

Poyanne reçoit les commissions et ordonnances royales pour effectuer de nouvelles levées de troupes, à savoir, un régiment de cavalerie légère et un régiment d’infanterie de douze compagnies de cent hommes chacune, .pour la sûreté de Dax et de sa région, contre les pillages et violences que commencent à commettre les troupes du Prince de Condé … et d’assurer la levée des tailles. Il obtient 4000 livres pour remonter le canon de Dax et autres dépenses.

1652


Le 5 janvier, Poyanne va à Arengosse avec ses cavaliers surprendre et attaquer trois compagnies de cavalerie du Prince qui levaient les tailles, près de l’église de Castillon, sur les terres du seigneur de Baffoignes, en tue une dizaine et fait cinquante prisonniers amenés à Dax, ne sachant d’ailleurs qu’en faire si ce n’est de les contraindre à servir dans ses propres troupes.

Sentant les affaires s’envenimer, il sollicite de la Cour, réfugiée à Poitiers, l’octroi de trois compagnies de cavalerie et de huit compagnies d’infanterie. L’accord lui en est donné à la condition qu’il trouve les fonds pour en faire la levée. Le marquis de Saint Luc lui a par ailleurs envoyé, dès le premier janvier, l’attache demandée pour deux régiments de cavalerie et infanterie.

Poyanne travaille à la mise en état des compagnies mais estime que cela ne suffira pas pour s’opposer aux troupes du Prince. On lui promet d envoyer les ordres pour augmenter jusqu’à vingt les régiments d’infanterie et qu’on parlera au Roi de sa demande de cavalerie. Le 21 Février il va mettre le siège de Mont de Marsan mais il échoue et y perd un de ses plus grands lieutenants, dénommé M. de Rolly


Les troupes du Prince sont installées à Tartas, Mont de Marsan et Grenade, entreprenant diverses courses causant de grands dommages dans la campagne, y compris chez les métayers du marquis de Poyanne. Le 2 mars, une compagnie de cavalier va à Doazit attaquer les gens de Poyanne au château de Poyaller. Lors du combat, un des plus grands du parti du Prince y est tué, et ramené le lendemain à Grenade. Les habitants de Doazit où passe leur retraite donnent même à un capitaine 700 livres contre la promesse de ne plus revenir.

A la fin mars les troupes du Prince se replient sur Bordeaux devant l’arrivée des troupes du comte d’Harcourt que Poyanne doit rejoindre avec ce qu il a pu réunir. Les habitants de Tartas assurent de leur fidélité au roi. Les habitants de Mont de Marsan font de même. Poyanne doit libérer les prisonniers qu il a capturé pendant que les députés de la ville parlementaient avec le comte d’Harcourt sur les conditions de leur reddition et des modalités du logement des troupes, et contraint de leur rendre armes et chevaux.

Poyanne rassemble ses troupes et nouvelles recrues et se met en marche pour rejoindre le Comte d’Harcourt vers Marmande, passant vers Cazeres puis le Gers, avec recommandation d’ordre et de discipline . Avec peut-être peu d’empressement et la crainte persistante de dégarnir ses propres places

Il semble que les deux hommes ne s’entendent pas très bien. Le second ne supportant pas les désordres dont seraient responsables les troupes de Poyanne dans son pays ou le peu de zèle voire la résistance du premier .D Harcourt s’impatiente de la venue de Poyanne, d’autant qu il est toujours saisi de plaintes sur le comportement de ses troupes et lui intime de les faire quitter les sénéchaussées de Tartas, Saint Sever, et même la vicomté de Julliac qui semblent encore payer des sommes considérables alors qu il les croyait en route. Il s’impatiente aussi du recouvrement des sommes qu il a demandé à Saint Sever et Tartas pour la subsistance de l’armée.

Poyanne essaie de le rassurer, lui confirme qu il souhaite participer au siège de Villeneuve sur Lot en préparation. Il obtient même que le comte envoie sa cavalerie dans son pays pour y maintenir l’ordre.

Le roi ayant donné des passeports au président et à quelques députés du Parlement de Bordeaux expulsés par les séditieux, Poyanne en accueille quatre qui se réfugient à Dax, dont le président Pichon..

D’Harcourt est obligé d’envoyer des troupes pour accompagner le sieur Bonnecaze chargé par lui d’aller faire payer le reste de la subsistance de l’armée dans les sièges de Saint-Sever et Tartas, demandant à Poyanne de les fournir. Gramont lui fait la même demande pour le Béarn.

Après l’échec et la levée du siège de Villeneuve, d’ Harcourt se replie sur Monflanquin avant de partir le 16 août dans la nuit, sans prendre congé de personne, quittant son commandement, pour ne plus revenir en Guyenne et abandonnant son armée à ses lieutenants généraux

Le duc de La Force refuse le commandement de l’armée de Guyenne laissé vacant, et repart en sa Normandie. La charge revient alors à Jean Louis Charles Gaston de Nogaret de La Valettte, le duc de Candale, fils du duc d’Epernon

A Paris, Condé et Conti sont déclarés coupables du crime de lèse-majesté. En Chalosse les troupes de Poyanne battent la campagne. On défend aux consuls de Mont de Marsan de confier la mairie au sieur de Prugue, ardent partisan du Prince. Un moment envisagé à Dax, le roi désire transférer le Parlement de Bordeaux à Agen et les parlementaires réfugiés à Dax sollicitent une escorte pour s’y rendre en sûreté.
Mais fin Décembre arrive dans le pays le colonel Balthazar. Le 21, il est à Roquefort, le 23 à Saint Maurice, laisse à Grenade où sont déjà 120 hommes du régiment de Conti, trois régiments et quatre compagnies sous les ordres de Gaston, et entre dans Mont de Marsan où il tente d’engager le peuple dans le parti des princes, tant par argent qu’autrement

Ledit Balthazar est si puissant et si cruel que tout le monde le craint ; il est allemand (ou suédois !) et non point noble, sinon pour ses armes ; il n'a point aucune religion de bonne. On dit qu'il est magicien ; il ne parle jamais familièrement à personne, mais parle toujours de tuer et de pendre ; il est un grand homme fort farouche et a environ quarante-cinq ans à ce qu'on m'a dit. Ledit Balthazar ne cesse de faire tous les maux incroyables, car tous les jours il fait des prisonniers et de grands ravages, tant en la lande que par de çà l'Adour et tout le monde le redoute fort. Il me serait impossible d'écrire tous les grands ravages que les gens de Balthazar font tous les jours, car il est le plus cruel qui fut venu en ce pays depuis quatre-vingts ans, ( journal de Laborde Peboué)

Averti, le duc de Candale surprend les régiments de Guitaud et Leyran qui s’étaient éparpillés, n ayant pas voulu se rendre à Grenade, menace en vain ceux de Grenade et fonce sur Mont de Marsan au petit matin. La ville ne résiste pas et se rend. Las, Balthazar a déjà pris la route pour aller se barricader dans la ville haute de Tartas où le rejoignent ceux de Grenade. A peine arrivé, il fait une course au Sabler de Dax, va mettre le feu à la maison du marquis de Poyanne, s’empare du château de Cauna.

On retrouve les cavaliers de Poyanne à Serrelous où ils capturent le seigneur du lieu et l’amènent à Dax
De Mont de Marsan, Candale part pour Tartas qu’il atteint le jour de Noêl. Mais Poyanne préférant se tenir à Dax, et en raison du grand froid, il se retire, non sans perdre quatre-vingt chevaux dans la retraite.

1653

Arrive à Dax un homme nommé le chevalier d'Aubeterre, commandant de M. de Candale, « lequel est assez courageux contre Balthazar et a fort belle compagnie de cavaliers. Il est venu au secours de M. de Poyanne, au contre du cruel et tyran Balthazar, et on dit qu'il est aussi puissant et davantage Balthazar »

Alors que Balthazar renforce son refuge de Tartas, Poyanne se prépare à l’attaquer en joignant à ses troupes en garnison à Saint-Sever, celles du chevalier d’Aubeterre, toujours à Mont de Marsan. La jonction est faite discrètement à Saint-Justin où les ennemis sont taillés en pièces et perdent Gaston, leur lieutenant général.

Roquefort étant menacé et prêt à se rendre, des renforts du Prince accourent de Bazas et Saint Macaire. Les habitants refusant de le laisser entrer, le régiment de Conti se poste dans les faubourgs sous la menace des troupes royales toutes proches, obligeant Balthazar à s’y rendre en personne, et de nuit, depuis Tartas avec une vingtaine de cavaliers, pour aller forcer la main du baron de Marsan, et se saisir du château et de l’église forte.
De là il fait une sortie osée et surprend les troupes du chevalier d’Aubeterre qui doit se replier sur Villeneuve et Saint-Sever, abandonnant à Saint Justin une petite garde capturée le lendemain. Puis il pousse jusqu’à Labastide où il laisse en garnison les restes des régiments de Guitaud et de Leyran et soixante hommes du régiment de Conti, qui à leur tour doivent se rendre à l’armée royale à peine les a-t-il quittés.
Fort dépité de ce revers, Balthazar réclame des armes et des renforts pour Roquefort qu’il confie au baron Jean de Batz-Castemlmor, venu de Bordeaux, et y laisse six compagnies de cavalerie, avant de regagner sa base de Tartas. Huit cent Irlandais arrivent dans le pays pour le soutenir

Les troupes de chaque camp battent la campagne. Les accrochages se multiplient dans tous le pays et particulièrement le long de l’Adour, entrée vers la Chalosse. Après Onard, un combat a lieu dans la plaine devant Mugron entre deux compagnies de Poyanne et d’Aubeterre et quatre cent cavaliers et mousquetaires de Balthazar voulant pénétrer en Chalosse. Poyanne y pert un commandant nommé Lanoyan, natif de Monfort et de mauvaise réputation dans le pays, et Balthazar y perd son cheval dénommé Demi Diable.

Un chef de Poyanne, le chevalier de Lassalle, fils du vieux seigneur de Montaut, est tué à Magesq
Quelques jours plus tard c’est face à Grenade qu’une nouvelle bataille meurtrière a lieu contre les Irlandais qui tentaient de passer la rivière et sont repoussés dans les bois. Les prisonniers et leurs officiers sont aussitôt enrôlés, habillés, armés et incorporés

Poyanne a toujours espoir d’attaquer Tartas, réclame armes et munitions à cet effet, mais le duc de Candale, général des armées de Guyenne, sollicité mais peu enthousiaste, hésite à lui envoyer son infanterie, diffère, et propose même une trêve.

Et effectivement des tractations semblent avoir lieu, justifiant le peu de soutien du duc de Candale. Celui-ci traite en sous mains avec Balthazar pour acheter sa soumission, demande à Aubeterre de ne pas faire de zèle. Poyanne l’apprend, dénonce, et proteste même auprès de la Cour qui évoque l’affaire au Conseil. Alors Candale fait semblant.

Aubeterre échoue dans une tentative d’attaque vers les landes de Castillon en raison d’un guide qui entraîne les troupes dans un marais dont elles ont du mal à sortir

Poyanne persiste dans son projet d’attaque de Tartas, demande le soutien du marquis de Tracy et de Mazarin pour obtenir les hommes nécessaires, et convaincre Aubeterre et Candale. Il réussit , du moins en apparence, et ce sont alors deux mille huit cent hommes de pied et plus de neuf cent chevaux qui sont mobilisés. Se mettent alors en marche les régiments d’infanterie de Sainte-Mesme, Danlou, de Roquelaure, de Saint Luc, des Irlandais, et les cavaleries de Grand-Mestre, Bougy et Crequi-Etranger, en renfort des régiments de Poyanne et d’Aubeterre. Poyanne, initiateur de l’opération, est chargé de fournir quatre mille rations de pain par jour nécessitant l’approvisionnement en seigle et froment dans les navires du port de Bayonne.

Mais les troupes espérées tardent toujours. Aubeterre s’impatiente à Saint Sever, réclame des charrettes de pain. Le régiment de Sainte Mesme reçoit des ordres pour les Flandres, celui de Roquelaure pour le Roussillon.

Pour lors, Balthazar dispose de cinq cent chevaux et cinq cent hommes de pied renforcés au début mai par trois cent chevaux amenés par Marcin, lieutenant du prince de Condé venu à Tartas s’entretenir de la mauvaise position de Bordeaux et faire part de l’espoir du secours de l’Espagne

Poyanne demande alors à Aubeterre de se rapprocher de Tartas et de prendre position à Souprosse mais le lieu ne disposant pas de point d’eau et nécessitant des escortes importantes pour accompagner le fourrage et les vivres, Pontonx est jugé plus commode : on demande des bateaux pour faire un pont, on reconnaît les gués, on envisage d’aller brûler les moulins de Tartas avant de renoncer par sagesse, on attaque les convois de fourrage. Tout est prêt pour le siège , sauf les renforts demandés .

Aubeterre profite de cette attente, passe par Gouts pour attaquer le château de Cauna . Il y fait venir le canon de Dax, par Saint-Sever, tiré par les bœufs et bouviers réquisitionnés dans les paroisses ( ainsi, Doazit en fournit dix paires). « Il y a environ dix mille hommes qui ruinent tout le pays. A une lieue de chemin d'où le canon passe, n'y demeure rien de bon. »

Mais lorsqu’il arrive, le château est vide, les portes ouvertes, l’ennemi parti. Il le poursuit jusqu’à Saint Justin qui se rend.

« Le même jour, 13 juin 1653, les cavaliers de Balthazar allèrent du Narp et s'en allèrent au port de Pontonx, où ils firent brûler deux bateaux sur le bord de la rivière et prirent un grand nombre de bouviers qui portaient du vin ; ils le firent décharger le vin et firent passer à la nage les bouviers et bœufs, hormis qu'il se noya quelques bouviers, et ce qui resta fut conduit à Tartas ».

Il retourne faire de siège de Cauna, à nouveau occupé par un commandant de Balthazar, mais l’affaire se complique. Le château résiste et se révèle plus fort que prévu. Il le fait battre pendant huit jours sans pouvoir le prendre.
« nous entendîmes aussi tirer sans cesse et nous eûmes nouvelle que les gens de M. d'Aubeterre étaient an pied du château de Cauna, et que les maçons et plusieurs pionniers travaillaient au pied de la tour sans s'arrêter pour la mettre bas … Le 23 dudit juin nous entendîmes tirer le canon sans cesser tout le jour. »
Le capitaine du régiment de Sainte-Mesme y est tué ainsi qu’un autre officier. A court de munitions, il demande à Poyanne de lui envoyer de la poudre et des mèches par cheval en évitant les routes ordinaires, plutôt par Saint Sever ;il est même prêt à aller les chercher à Poyanne. De plus, il manque de farine et de pain pour ses hommes.

Le château tombe enfin le 24 juin avec l’aide des gens de Poyanne qui assurent le premier assaut. « Cela fut le jour de saint Jean que Cauna fut pris, et ledit M. d'Aubeterre y entra et fit prisonnier le commandant qui se nomme Lacroix. Dedans s'y est trouvé grande quantité de grain et de vin, de chair et pain.

Reste toujours Tartas . Aubeterre retourne et campe à Pontonx en l’attente des troupes que déjà Saint Justin est à nouveau assiégé par les gens et Balthazar lui-même

Balthazar quitte Tartas le 13 juillet avec cent cinquante de ses cavaliers en direction de Bordeaux . Quelques jours au paravant un de ses commandants, Lartot, est sorti de Tartas pour venir se rendre à Aubeterreest venu se rendre btement L’apprenant, Aubeterre s’en croyant maître y court avec toutes ses troupes mais est repoussé par la garnison

Le siège de Tartas si longtemps espéré et préparé par Poyanne n’aura jamais lieu

Le 27 juillet la paix est conclue entre les députés de Bordeaux et les ducs de Vendôme et de Candale. Le 3 août l’armée royale entre dans Bordeaux. Balthazar revient en personne annoncer la nouvelle à Tartas

Le 6 août 1653, le marquis de Saint Germain prend possession de la ville au nom du Roi. Les habitants prêtent serment de fidélité. Puis c’est Roquefort, que Balthazar évacue avec ses troupes le 7.

Mieux, le 16 août, le duc de Candale octroie au colonel Balthazar, en échange de sa reddition, la somme de soixante mille livres devant être prélevée sur les sénéchaussées de Dax, Tartas, Saint-Sever et Mont de Marsan, initialement prévue pour soutenir le siège de Tartas. Cette somme permettant à ce dernier d’effectuer des recrues à mettre au service du Roi.

Malgré la soumission de la ville, la Cour ordonne le démantèlement de la place. M.de Mespret, capitaine des chevaux légers, commis par Candale pour présider à la démolition des murs de Tartas et de Roquefort, est prêt a faire sauter les tours de la ville, lorsque le duc de Bouillon, frère du maréchal de Turenne, duc d Albret et donc de Tartas depuis 1651 envoie un gentilhomme à Candale pour arrêter la démolition. Un cornette et un maréchal des logis forcent les ouvriers à quitter le travail. Il lui est répondu qu il faut demander au roi

Cependant, fin octobre, la démolition des tours de la ville haute – « toute la courtine depuis la tour jusqu au couvent des Ursulines et depuis là jusqu au château face a la rivière est par terre, s’étant arrêté là de peur que les ruines tombent dans la rivière et interrompent la navigation. On attaque les restes de la ville haute depuis le cimetière jusqu au petit château proche du pont » est bien avancée, précise Mesplet à Poyanne.

Pendant ce temps, le recouvrement tardant, le cardinal ne manque pas de faire supplier les lieutenants des prévôtés de Dax et Saint Sever de contribuer à ce que soient levées rapidement les contributions sur l’élection des Lannes, en précisant qu’il aurait pu en demander cent mille si ce n’était son respect pour le marquis de Poyanne. Ainsi le pauvre peuple ……

A la guerre succède alors, dès le mois d’août, une terrible épidémie

1654

De Bidache, le maréchal de Gramont informe Poyanne de la condamnation du prince de Condé pour crime de lèse-majesté qui le prive de toutes charges, dignités et honneurs, et réunis ses biens à la couronne.

Gramont rejoint ensuite le gouvernement de Bayonne qui lui est remis par son frère, comte de Toulonjon. Il y fait son entrée solennelle le 4 mai à la tête de quatre cent mousquetaires.

La duchesse de Bouillon et le maréchal de Turenne demandent le rétablissement des murailles de Tartas et font intervenir Pierre de Chambre conseiller du roi auprès de Mazarin. Cette reconstruction bien que limitée doit être cependant être à la charge du pays.

Le vicomte d’Orthe a obtenu un arrêt confirmant les anciens privilèges de sa vicomté, l’affranchissant de toute contribution aux gens de guerre et donc interdit aux officier de Dax de la comprendre à l’avenir dans aucune sorte d’ imposition autre que les deniers et tailles.

Poyanne encaisse


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1652 - une Mazarinade


Récit de ce qui s'est passé à Mont-de-Marsan contre les troupes du marquis de Poyanne
les 20 et 21 février 1652
- texte de l'époque - bibliothèque Mazarine-
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26/12/2008

1756 - guerre de Sept Ans


1756 -1763



1756

En Janvier, La Prusse s’allie à l’Angleterre qui a besoin d’un allié continental pour l’aider à protéger et ne pas abandonner le Hanovre dont est issue la couronne britannique.

Alors, le 1er mai à Versailles, l'Autriche et la France, après une rivalité de 250 ans, signent un traité d’alliance pour contrecarrer les menaces de la Prusse …et les visées de l’Angleterre. Toutes les alliances antérieures sont inversées. L'Autriche ne s’est pas résolue à la perte de la Silésie conquise en 1742 par la Prusse lors de la guerre de succession De son côté, la France s’inquiète depuis longtemps des visées de la Grande-Bretagne sur son domaine colonial en Nouvelle-France, Antilles, et Indes. De plus,

De diplomatique, le conflit devient militaire lorsque à la fin août Frédéric II de Prusse attaque la Saxe, alliée de l’Autriche, marquant ainsi le début de la guerre de Sept Ans qui, par le jeu de ces alliances (La Russie et la Suède sont déjà alliées à l’Autriche) et des opportunismes, entraîne la plupart des pays européens dans ce qui sera la véritable première guerre mondiale

Le 3 octobre au soir, la nomination des officiers généraux pour l’armée de 24 000 hommes devant se porter sur Le Rhin est déclarée à Choisy : le commandement est confié à Soubise, Poyanne est nommé maréchal de camp

En 1756 le régiment des carabiniers est alors cantonné à Metz. Il comprend 5 brigades de 2 escadrons chacune, soit 1400 maîtres.


1757

Alors que Frédéric, une fois la Saxe conquise, s’est tourné vers la Bohême jusqu'a Prague avent de devoir battre en retraite en Silésie, une première armée de 60 000 hommes commandée par le maréchal d’Estrées, franchit le Rhin, pénètre en Allemagne, et progresse de la Rhénanie Wesphalie vers le Hanovre, face aux britanno-hanovriens.

Poyanne se rend à Dusseldorlf, dès le 25 avril et en juin rejoint, avec son régiment, l’armée du Bas-Rhin de Soubise à Ham, puis Lipstast, pour l'invasion planifiée de Hanovre. À la fin de Juin, le régiment se trouve au camp de Bilfeldt avec corps principal d'Estrées. En juillet, il commande un corps constitué des régiments d’infanterie de Picardie, Vaubecourt , Condé, un régiment de grenadiers royaux, les carabiniers et 20 canons à gauche Bielefeld.

Le 26 juillet, il est à la bataille et victoire d’Hastembeck sur les anglo-hanovriens, où il commande la deuxième division de cavalerie (Carabiniers et brigades de Royal Piemond - Reine- Dauphin- Bourgogne – Lusignan) sur l’aile gauche en soutien des Grenadiers de France. Mais ses carabiniers déplacés sur la droite et devenus inutiles n’y chargent pas

Poursuivant la conquête de l'Électorat de Hanovre; il marche vers Zell à la tête de tous les Carabiniers à l’avant-garde de l'armée

Cependant, la supériorité numérique française finit par s’imposer à la Bataille de Hastenbeck le 26 juillet, et le Hanovre capitule.

Mais en septembre on le voit poursuivi par plusieurs troupes de cavalerie hessoise et d’infanterie alors qu’il se replie avec son détachement vers le village de Selfen. Il ne doit alors son salut qu’à une embuscade organisée par les compagnies de grenadiers du prince de Chimay, avant de contre-attaquer et les mettre en fuite

Puis il suit le corps principal, dirigé par le maréchal de Richelieu (qui a remplacé d Estrées), qui campe à Halberstadt en Prusse où toutes les réunies restent six semaines de fin septembre à début novembre avant de se retirer dans ses quartiers d’hiver région de Kassel en Hesse

Pendant ce temps, le 5 novembre, le maréchal de Soubise subit par négligence ou incompétence une défaite désastreuse contre les Prussiens à Rossbach et doit se replier sur le Rhin. Seule une brigade de carabiniers a participé au désastre (la brigade Lestang).


Le jeune et bientôt célèbre marquis Donatien de Sade a été admis en janvier, sur la recommandation de Poyanne, ami de son père, comme cornette au régiment qu il commande. Il va y servir deux ans.,dans la brigade de Saint-André puis la brigade de Malvoisin, et aurait été même un des aides de camp de Poyanne qui reste son protecteur . Il prend part à la campagne suivante. "M. le Mis de Poyanne s'y interesse particulierement, et il observe ... qu il joint de la naissance et du bien à beaucoup d'esprit" . Sade écrira plus tard: "...Que passant de là à ma jeunesse, qui peut avoir été observée par le marquis de Poyanne sous les yeux de qui je l'ai passée"


Poyanne semble être un officier téméraire mais aussi sec, suffisant et présomptueux. Ainsi le baron de Castelnau officier des carabiniers écrit le 29 07 1758 :
« Quelques qualités que possède M. de Poyanne, il s’y est mal pris l’année dernière pour être aimé, à ce qu j’entends, et on attend de voir s’il continue sur le même ton »



1758

Les anglais refusant de ratifier la capitulation du Hanovre et décidant de poursuivre le combat. une nouvelle armée ennemie se forme sous les ordres de Ferdinand de Brunswick, laquelle franchit le Rhin.
Le comte de Clermont, prince de sang, qui a remplacé Richelieu, redéploie alors son armée en Rhénanie du nord, le long du fleuve. Poyanne le rejoint avec ses carabiniers le 2 juin vers Rheinberg, lieu de rassemblement, et demeure en réserve dans ce camp jusqu’au 12.


Le corps des carabiniers est donné, le 13 mai, au Comte de Provence, troisième fils du dauphin, le frère du roi. Il n’est alors âgé de trois ans. Pour le commander on crée alors la charge de mestre de camp lieutenant des carabiniers donnée au comte de Gisors, fils du maréchal de Belle Isle, et petit-fils du surintendant Fouquet. Dans le même temps et par mesure de compensation, Poyanne, déjà inspecteur de la cavalerie, est créé lieutenant-général des armées du roi avec des ordres pour commander en cette qualité.


Le 23 juin - Commandant la réserve de cavalerie, Poyanne combat les troupes hanovriennes avec valeur, mais vainement, à la bataille de Crefeld, à la gauche de l’armée, en perçant, par une charge impétueuse l’infanterie ennemie, et essuyant le feu de l’artillerie pendant cinq heures. « leur infanterie y fut chargée par les carabiniers qui leur passèrent sur le ventre, mais avec des pertes. La brigade d’Aquitaine-cavalerie y souffrit aussi beaucoup. La seconde ligne des ennemis fit sur ces deux brigades un feu de canon et de mousqueterie épouvantable et, chargées en même temps par de la cavalerie ennemie, elles furent forcées de se retirer ». Lors de cette bataille, sur un total de 1.329 hommes, le régiment des carabiniers perd 700 soldats tués ou blessés et 69 officiers.L’impétueux comte de Gisors, 26 ans, leur nouveau commandant, y est mortellement blessé d’une balle au ventre pendant la charge contre les grenadiers ennemis, lors de la retraite. Il meurt trois jours plus tard.à Neuss, chez l’ennemi.

Poyanne est alors désigné pour lui succèder dans la charge de maître de camp (avec 20 000 livres d’appointement mais cette charge de mestre de camp d'un régiment de cavalerie est très onéreuse aussi n'est elle accessible à la riche aristocratie).

Par commission du 7 juillet, Il est nommé lieutenant et inspecteur du régiment de Royal Carabiniers de M. le comte de Provence, composé alors de cinq brigades de quatre compagnies chacune, et dè le 15, il commande, avec le marquis d Armentières, les grenadiers de France, les grenadiers royaux et les troupes légères à l’attaque de l’arrière garde ennemie au camp de Frowilliers.

Le comte de Clermont reparti à Versailles laisse le commandement à Contades en juillet.

Après le retrait de Ferdinand sur la rive est du Rhin, le régiment repasse le Rhin à la suite de l'armée alliée et campe fin août près de Wesel, en Wesphalie, où il fait partie de la réserve de cavalerie avec ses carabiniers, assisté du comte de Broglie


le 17 octobre, Poyanne est détaché avec 2000 hommes, grenadiers à cheval et «piquets » formés en deux divisions, pour se porter sur Drentwort, mais apprenant que le corps entier des chasseurs ennemis est à Herberen, il fait aussitôt ses dispositions pour l'attaquer en deux colonnes. Après avoir d'abord forcé 100 grenadiers et 100 chasseurs retranchés dans une ferme, où ils se défendent avec valeur, il chasse ensuite les ennemis d'Herberen, après un combat d'une heure et demi, tuant 2oo hommes, faisant prisonniers 5 officiers et 80 grenadiers, et mettant en fuite la cavalerie ennemie.

« Le Roy a lu avec plaisir l'expédition de M. de Poyanne » (lettre du Maréchal Duc de BelleIsle au Maréchal de Contades - Versailles le 23 octobre 1758).

Le 25, il joint le marquis d'Armentières, en avant de l'armée, commande avec lui les grenadiers et les troupes légères, et oblige, par ses manœuvres, le général Kilmansegg à rentrer dans Munster, d'où il ne peut sortir.

Contades absent pour l’hiver, Poyanne souhaite également s’absenter et laisser le commandement au marquis d’Armentières. Ce qui fâche beaucoup le maréchal duc de Belle-Isle qui en fait part à Contades:

" Pourquoi est-ce que M de Poyanne ne reste pas l' hyver ? je vous le répète, Monsieur le Maréchal, je ne m'accoûtume point à voir que l'on veuille des grâces, des grades, des récompenses, & des agrémens, & que l'on ne soit pas prêt a tout faire. M. de Poyanne est assez bien traité du Roy pour se livrer au service pendant toute la guerre; si vous pensez comme moi, pourquoi ne l'emploieriez vous point sur votre état pour demeurer l'hyver? Et, en ce cas, vous le chargeriez du commandement de tout ce qui sera dans le pays de Liège, & à droite & à gauche de la Meuse, en descendant jusqu'a Ruremonde."
(Lettre du Maréchal Duc de Belle-Isle au Maréchal de Contades - Versailles le 24 octobre 1758)

Mais il semble qu’il s’absente bien et laisse le commandement à Armentières

L’armée française est repoussée du Hanovre.

1759

La Prusse voit les défaites s’accumuler et son territoire envahi de toutes parts par les Russes et les Autrichiens

Le 1er Mai, Poyanne entame la nouvelle campagne à la même armée du maréchal de Contades , à la tête des carabiniers et des gendarmes.

Malgré la défaite de l’année précédente, l’armée française reprend l’offensive. Et, début juin, 80 000 hommes aux ordres de Contades et de Broglie se dirigent vers le Hanovre.

Le 3 juin, Poyanne est cantonné à Cologne, avant de passer le Rhin à Wesel, et parvient à Minden ville prise par de Broglie début juillet, constituant un important centre de ravitaillement et un point d’appui pour reconquérir le pays.
Ferdinand de Brunswick réagit et rassemble alors son armée puis attaque Minden le 1er août. S’ensuit une bataille qui réunit 90 000 combattants.

Poyanne commande, en troisième ligne au centre de la cavalerie, les huit escadrons de la Gendarmerie et des Chevaux Légers et les dix escadrons de Carabiniers. Après deux charges vaines de la cavalerie française, le maréchal de Contades se résout à envoyer le corps d’élite de Poyanne, jusque là ménagé. Le sort de la bataille en dépend. Mais, après avoir percé la première ligne de l’infanterie ennemie il est reçu par le feu nourri de la seconde ligne anglaise de Sporcken soutenue par l’artillerie hanovrienne. Le marquis y est blessé d'un coup de feu et de plusieurs coups de sabre et de baïonnette. C est la déroute puis la retraite.


Cette incroyable défaite d’une cavalerie face à de l’infanterie a un retentissement considérable. On rend le Maréchal de Contades responsable du désastre, mais on exalte le duc de Broglie, qui a conduit la retraite et sauvé l'armée.

Alors que dans sa retraite l’armée française est harcelée et ralentie, Poyanne, sans doute remis de ses blessures, commande et protège un fourrage général des troupes à la mi-octobre, et y bat un détachement considérable des ennemis, qui voulaient lui disputer cet objet.

La Prusse vaincue à l’Est par la Russie et l’Autriche, continue cependant à résister à l’Ouest. L’armée française, supérieure en nombre, se voit déjouée par la mobilité des alliés et l’année s’achève sans avancée notable.

1760


Le marquis de Poyanne participe à la nouvelle campagne qui s’ouvre en mai, dans l’armée du Maréchal de Broglie qui vient de remplacer Contades, et se porte vers la position de Corbach, dans le nord de la Hesse. L’ordre de bataille le place en réserve de deuxième ligne.

Ainsi, le 18 juin, il se porte sur la chaussée de Cassel à Halsdorff à la tête d’un détachement de 4000 hommes de cavalerie et d’infanterie, s'empare du poste le 28, avant d’occuper peu de jours après Frankemberg sur l'Eder. Le 10 juillet, il se trouve au combat et victoire de Corbach sur l’armée de Brunswick.

09 septembre - Poyanne protège le fourrage général commandé par le prince de Condé. Puis après une dernière attaque le 19 septembre au delà de la rivière Fulda contre un corps du général Vangenheim, sa campagne s achève au camp retranché de Cassel.

1761

Nouvelle campagne sous le maréchal de Broglie. Il est lieutenant général de la deuxième division cantonnée à Buzeck, et contribue beaucoup aux succès obligeant les ennemis battus à se retirer. Ainsi, le 26 mars, il fait attaquer l'arrière-garde du prince héréditaire de Brunswick, le culbuta, lui prend un colonel, un commandant de hussards, 60 hommes et 4 pièces de canon.

Le 16 Juillet, le régiment des carabiniers est à la bataille et nouvelle défaite de Vellinghausen, sur les bords de la Lippe.

Le 10 octobre on retrouve Poyanne à la tête d'un corps considérable de troupes, prenant ses dispositions pour attaquer le général Luckner; mais ce dernier se retire.

Lors du départ pour les quartiers d'hiver, il commande l'arrière-garde, avant de passer l'hiver à l'armée, où il est employé, en qualité d'inspecteur-général, au doublement des régiments de cavalerie, prescrit par l'Ordonnance royale du 1er décembre, avant de se rendre à Gotha, où il commande jusqu'à l'ouverture de la campagne suivante.



1762


Le nouveau tsar de Russie signe la paix avec la Prusse qui s’empresse de repousser l’armée autrichienne isolée, et reprendre la Silésie.
Toutes les troupes sont en mouvement, dès le mois de mai, pour le rassemblement de l’armée, dont le rendez-vous est Cassel où le camp est établi. Des tentatives d’avancée échouent. Malmenés par les Anglais ils sont obligés de se retirer dans le camp retranché avant d en être chassés.

Les opérations piètinent

Le 25 septembre, Poyanne est au bivouac près de Lasfeld.

Une suspension d’armes est proclamée et une entrevue est organisée entre le prince Ferdinand, accompagné de tous les officiers généraux de son armée, et les maréchaux d’Estrées et de Soubise et tous les officiers généraux de l’armée française.
Fin novembre, Poyanne reçoit de Ferdinand de Brunswick un passeport pour aller voir la duchesse de Saxe-Gotha en Thuringe (pour lui rendre ses hommages ou pour qu’elle intervienne en faveur d’un rapprochement entre la France et la Prusse ?).


1763

Le traité de Paris intervient le 10 février 1763 et met fin à la guerre. La France perd son statut de puissance dominante au profit de l'Angleterre, et la Prusse conserve la Silésie.
Poyanne témoigne alors son assurance d’une paix durable lorsqu’il conclue avec le marquis de Brancas un pari assez bizarre, lui donnant 18000 livres à la condition que Brancas lui reverse 12 livres par jour jusqu’à la première hostilité entre la France et quelque autre puissance. Mal lui en prend d’ailleurs : une clause du pari exclue les îles. Or, en 1768, la république de Gênes ayant cédé ses droits sur la Corse, la France y envoie 20 000 hommes et entreprend de soumettre les rebelles. Brancas et Poyanne se disputent alors sur le point de savoir si la Corse était dans les exceptions ou pas, et choisissent des arbitres qui décident que Poyanne a perdu. Il lui en coûte alors environ 9000 livres, ayant déjà reçu près de 400 louis.





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25/12/2008

anecdotes



"Des papistes ont maltraité en maintes manières plusieurs de ceux de la Religion réformée.Voire et en ce siècle, l'an 1620, le nommé St-André (cadet de la maison de Hir ...près Acqs) estant esté comme par forme de visite au fort de Tartas voir Socagnon, gentilhomme de la dicte religion qui portait les clefs dud.fort (chasteau et citadelle) de Tartas ( des pars de seigneur Bron de la Harie qui en estoit le capitaine ou gouverneur pour le roy) et Socognon l' ayant bénignement acceuilli, St-André (catholique romain) donna de sang froid un coup de pistolet à la teste de Socognon et l'ayant ainsy tué sans suget et traiteusement en jeta le corps par une des fenestres du d. chasteau au fossé d'iceluy fort; pour exonier sa malice envoya ensuitte au seigneur de Poyanne gouverneur d'Acqs, lui dire qu'il estoit maistre du d. chasteau et que c'estoit qui luy plaisoit qu'en fust faict. Massacre duquel il n'a jamais ésté faict jutice corporelle. J'ay connu l'un et l'autre des dicts sieurs"
extrait des Tablettes de Jacques de Bela

"Quoique d'un caractère naturellement doux, (Bertrand de Baylens) sevissoit, avec la plus grande sévérité, contre les Prêcheurs ( Catholiques ou Calvinistes), dont les discours pouvoient contribuer à troubler la paix et ranimer la dissention entre les deux Religions.Trois Calvinistes ayant été tués dans une sédition qu'un Moine avait occasionnée, Bertrand de Baylens, il le fit pendre, et condamna les autres Moines de son couvent à la même punition que le Connétable Anne de Monmorenci avait imposée, en 1548, à quelques-uns des principaux habitans de Bordeaux; il les obligea d'exhumer ces trois cadavres avec leurs ongles, sans s'aider d'aucun instrument pour lever la terre; ensuite, il leur ordonna de les porter sur le dos au Ministre Calviniste pour les faire enterrer en lieu et d'une façon convenable"
extrait de L'esprit des journaux tome 2 partie 1 - 1774 - G F Poullain de Saint-Foix -Histoire de l'ordre du Saint-Esprit 1778

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« Du temps que nous étions en cette ville, en allant, (janvier 1727) est arrivée une drôle d'aventure dont voici le contenu:

Madame la marquise de Poyanne, ayant été volée de son cuisinier de la somme de dix mille louis, a fait ses diligences pour le faire prendre. Ce qu'elle n'a pu faire si promptement qu'elle l'aurait souhaité. Cette marquise était pour lors résidente à Daxe. Ce valet de chambre ayant le butin, s'en vint à Bayonne pour passer en Espangne, comme c'est la dernière ville de France. Il fut arrêté et mené devant Monsieur Le Blanc (haut de six pieds), gouverneur de la citadelle, âgé pour lors de 101 ans. Le croyant déserteur, ayant trouvé que non, il fut conduit chez Monsieur Adancourt, gouverneur de la ville, où il fut interrogé comme il faut, le sujet pourquoi il voulait avoir un passeport pour passer en Espangne. À ces interrogations il pâlit et changea de couleur. Il le fit prendre par ses gardes et le fit fouiller. On lui trouva dans le dedans de sa chemise, cousus en quatre différents endroits dix mille louis, et dans une bourse, sur son cheval, cinq cents écus, en argent. Il fut mis en prison, et, sur sa déclaration, envoya son valet de chambre en poste à Daxe pour s'informer de ses vie et moeurs. Il trouva que c'était le cuisinier de Madame la marquise de Poyanne. On en a fait le procès qui n'aura pas été avantageux pour lui ».

Extrait du voyage d'Espagne fait par Manier de Noyon, écrit de sa main en 1736 ( publié dans Pelerinage d'un paysan picard à St jacques de Compostelle - Baron de Bonnault d'Houet - 1890


« Quelquefois je fais des visites, mais ce n’est que chez M. de Poyanne ou chez mes anciens camarades des Carabiniers ou du Régiment du Roi. J’en fais peu de cérémonie ; je ne les aime pas. Sans M. de Poyanne, je ne mettrai pas, de toute la campagne, les pieds au quartier-général. Je sais bien que je n’en fais pas mieux ; il faut faire sa cour pour réussir ; mais je n’aime pas à la faire. Je souffre quand j’entends quelqu’un dire à un autre pour le flatter mille choses que souvent il ne pense pas. Il est plus fort que moi de jouer un aussi sot personnage ».

Lettre de Sade à son père, du camp d’Obertistein, le 12 août 1760.

03/12/2008

le costume du marquis




Mémoyre des abits qui sont à Monseigneur de Poyanne
-27 avril 1625-
( archives Carsalade du Pont)

un perpoing, hault de chauses et manteau d'escarlatte ..., garny de dentelles
un perpoing de satin gris avecq un hault de chauses de drap d'Espaigne gris et le manteau de drap d'Espaigne aussy gris
un perpoing de toille blanche goffrée, un hault de chauses et casacque de drap de Paris
Plus une robe de chambre de damas gris
Plus un capuchon gris
plus un manteau de satin blancq, doublé d'un taffetas incarnat, avec quatregros passements audos
plus une père jaretières de taffetas noir garny d'une dentelle d'or
Plus deux chapeaux noirs, avec des cordons
Plus un père de gans, garnis de franges de soye et d'or
plus deux pères de bas de toille, garnis de grand dentelle de Flandres
Plus deux chemisettes rouges
Plus deux gros bonnets d'iver de lène
Plus une paire de botes avec les mules sans esperons
Plus trois chemises de nuit
Etc, etc ( le mémoire contient 136 articles)


Ce sont là les costumes d"apparat

On sait, par ailleurs, qu'à cette époque le marquis de Poyanne, bon danseur, est un participant assidu aux ballets de la Cour de Louis XIII

02/12/2008

un jugement sévère

Dans un petit ouvrage intitulé Galerie des Aristocrates et Mémoires Secrets publié en 1790 à Londres et Paris, voici ce qu'il est dit du dernier marquis de Poyanne:

"Le Marquis de Poyanne, lieutenant -général, commandant les carabiniers, est un matamore de la même espèce que le marquis de Lugeac. Il a affermé la dépense de l'entretien du corps qu'il commande, et s'est fait 60,000 liv. de rente aux dépens de qui il appartient; moyen honteux pour un homme de guerre ! où êtes-vous du Guesclin, Bayard, Coligny ? que diriez-vous en voyant dans ce siècle tout devenir le prix de l'argent, jusqu'à l'honneur, jusqu'à l'opprobre ! il sacrifie dans un soldat toutes les autres qualités à la figure, et il a perdu le bon esprit de cette troupe respectable qu'il a remplie de bandits indisciplinés. Personne n'est plus suffisant, plus téméraire et plus impérieux que ce général. il causera les maux les plus funestes dans toutes les armées ou il sera employé. »




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01/12/2008

les amours de la marquise


"Les Apparences trompeuses
ou les amours du duc de Nemours et de la marquise de Poyanne"





La marquise de Poyanne est l'héroïne du roman attribué au sulfureux Courtilz de Sandras, rédigé en 1694 est publié, posthume, en 1715. Cet auteur, enfermé pour 9 ans à la Bastille en 1702 pour publications scandaleuses, est aussi l'inspirateur d'A. Dumas par ses Mémoires de M. d'Artagnan.

Le roman a pour cadre historique la Fronde, mais l'auteur n'utilise le cadre de la guerre civile et les évènements de 1646 à 1652 connus du public que pour donner une allure historique et de vérité à son récit.

Le duc de Nemours est alors un des chefs de l'armée du Prince de Condé, tué en duel le 30 juillet 1652 par le duc de Beaufort, son beau-frère.

La marquise de Poyanne est Jeanne Marie de Castille de Castelnau,  mais elle est bien peu connue à l'époque et encore moins mêlée à de telles aventures. Il semble donc que l'auteur s'est seulement emparé du nom et inventé à loisir, même si l'on peut supposer qu'ancien militaire lui-même, il connaissait le marquis Henri Gabriel de Baylenx et son rôle dans les guerres de la Fronde en Gascogne

Venue a Paris pour solliciter les procès de son mari ayant des embarras d'argent , la marquise apparaît un jour à la Cour, à l’occasion d’un bal du Prince de Condé. Nemours la remarque, et en devient amoureux . Il lui offre des bijoux pour paraitre à la Cour. Elle-même est peu à peu consciente que ce qu’elle ressent est de l’amour.
Elle est mariée, à un homme qu’elle n’aime pas mais qu’elle respecte. Aussi avouera-t-elle son amour, mais elle ne cédera pas .
Le marquis de Poyanne monte à Paris pour s'occuper lui-même de ses procès, malgré son serment de ne plus jamais sortir de ses terres. Alors même qu'il se trouve confronté à des créanciers impatients qui font saisir une de ses terres, son épouse semble gaspiller son argent en parures. Dévoré de jalousie, il exile sa femme en province ...où le duc la rejoint discrètement.

Revenue remplacer son époux dans les procès , la marquise devient la maitresse du duc de Nemours. Après de multiples péripéties et intrigues galantes, jalouse et aigrie, Madame de Chatillon en informe le marquis de Poyanne qui remonte aussitôt a Paris, renvoie sa femme dans ses terres et va défier Nemours en duel. Celui-ci accepte, mais demande deux jours de délai. C’est qu’en fait il a un démêlé avec le duc de Beaufort, et qu’il doit se battre d’abord avec ce dernier. Ils se battent et Beaufort tue Nemours.

"Cette nouvelle aussitôt répandue par Paris, M. de Poyanne se sentit une joie secrète de l’aller dire à sa femme qu’il avait laissée couchée lorsqu’il était sorti de chez lui pour aller chez son avocat. L’affliction dans laquelle elle fut plongée à la nouvelle de la mort de son amant termina ses jours à un âge si peu avancé, que lorsqu’elle mourut, elle était encore aussi fraîche et tout aussi belle qu’elle l’avait jamais été dans le temps que chacun était dans l’admiration de sa beauté".

Et, effectivement, la marquise Jeanne Marie de Poyanne est décédée dans son château en octobre 1653 , quelques mois après de Duc de Nemours.



Dans ce récit qui se situe dans les années 1639 à 1653, la jeune marquise de Poyanne ( qui serait alors Jeanne Marie de Castelnau Castille, épouse d'Henry Gabriel de Baylenx) apparut pour la premiere fois parmi les dames de qualiité de la Cour et de Paris lors d'un grand bal donné à l' hôtel  de Condé.où elle a été invitée par la comtesse de Tourville.  Elle y était si charmante qu'elle effaça la galante et ambitieuse duchesse de Châtillon qui passait pour la plus belle de la Cour .Du moment qu'elle parut, chacun se demanda qui elle était, bien que ce fut une dame de qualité dont le mari était Cordon  Bleu ( en fait il n est fait chevalier du Saint-Esprit qu'en 1661) et homme de Service. Personne ne la connaissait, elle n'était jamais venue à la cour et  c'était là la la premiere fois qu'elle avait paru en si bonne compagnie. Le marquis l'avait épousée à l'age de dix huit ans ( elle a 19 ans à la date du mariage célébré en 1639) alors qu' il était déjà d'un age avancé (  Henri de Baylenx a alors 38 ans ) . Il avait prétendu se consoler avec elle de n'avoir pas réussi à la Guerre où il avait disputé au vicomte de Turenne un prestigieux régiment de cavalerie. Le chagrin que le marquis de Poyanne avait eu de ce que le vicomte de Turenne lui avait été préféré, lui avait fait quiter le Service, juré de ne plus jamais revenir à la Cour , et il s'etait retiré dans ses terres après avoir épousé quelques temps après la belle marquise. S’étant ainsi retiré de la Cour sans prendre congé pour n’avoir pas obtenu un régiment que le Roi destinait au Vicomte de Turenne puis, cessant de bouder et ayant sollicité la permission d’y retourner, le Roi lui aurait fait répondre qu’il pouvait rester où il était, dans ses terres de Gascogne. Ce retour ne fut finalement autorisé, en octobre 1665, que par l'intervention du maréchal duc de Gramont.




La marquise se fit ensuite  présenter à la reine-mère et s'employa ensuite de se trouver au Cercle tous les jours. Sa beauté y fit beaucoup de bruit aussitôt qu' elle y parut. Comme elle dansait bien , elle eut un accès plus facile au Roi. Mais si elle était sans doute la plus belle et la plus charmante de toutes celles qui avaient    l 'honneur de danser avec le roi, elle avait le malheur de n'être pas une des plus riches, bien loin de là.. C est là le point de départ de l' intrigue, dès lors que le duc de Nemours amoureux, fit retarder l'issue du procès pour lequel est est venue, pour la retenir à Paris,  lui confiant, en sous-mains, de riches parures pour briller à la Cour.

Le marquis de Poyanne est pour sa part évoqué comme un homme endetté de plus de 250 000 livres et menacé de saisie reelle de ses terres par ses créanciers 





Charles Amédée de Savoie, duc de Nemours( 1624-1652),
 chef de la maison de Savoie depuis 1641