Différent ou fâcherie d'honneur
« pour quelques paroles et rapports qui se sont tenus au désavantage les uns des autres »
1610 - 1613
Henri IV vient d’être assassiné .Sa veuve, Marie de Médicis, couronnée reine la veille du drame, assure alors la régence du fait de la minorité de Louis XIII âgé de neuf ans. Mais la jeunesse du roi et la régence d'une femme, donnent une apparence de faiblesse, qui réveille les passions et excite l’inconstance des grands. Ainsi, surviennent des querelles à la cour, des querelles en province, des prises d'armes partout, la guerre et la paix se font à la fois entre la reine, les princes, les grands du royaume et même les simples seigneurs.
Bertrand de Baylenx, le vieux baron de Poyanne qui vient d’abandonner à son fils Bernard l’entière direction des affaires de la sénéchaussée, se trouve mêlé à ces troubles mais c’est avec le comte de Gramont que la querelle s’envenime au point de mettre en émoi tout le pays entre Dax et Bayonne et préoccuper même la Cour.
Antoine II de Gramont, qui passe pour être un fils illégitime d’Henri IV avec Diane d’Andoins, est connu pour avoir un caractère austère, inflexible et batailleur. Né en 1572, il est comte de Gramont et prince de Bidache, comte de Guiche, comte de Toulongeon et vicomte puis comte de Louvigny, vicomte d’Aster et seigneur puis baron de Lescun, seigneur puis baron d’Andoins, seigneur puis baron d Hagetmau. C’est aussi le gouverneur de Bayonne et du Labourd.
Or le comte est accusé de ne pas être étranger à la mort, de son épouse Louise de Roquelaure suite aux soupçons sur une intrigue galante et infidélité. De retour de chasse il l’a surprise dans les bras de son écuyer, un nommé Marfisian, qu’il tue aussitôt. Il organise même un procès qui le condamne en plus à avoir la tête tranchée. Un autre procès criminel contre l’épouse est en cours devant le Parlement de Bordeaux, avant d'être soumis à la cour de justice de Bidache, aboutissant à sa condamnation. Or, avant son exécution, l'épouse meurt dans des conditions suspectes le 9 novembre 1610 (empoisonnée selon les uns, tombée dans un puits profond par l’écroulement du plancher de la chambre où elle a été assignée à résidence selon les autres).S’ensuit une brouille avec le beau-père, le baron de Roquelaure lieutenant général au gouvernement de Navarre et Béarn.
Mais un autre différent ou fâcherie d’honneur naît entre Gramont et Bertrand de Baylenx « pour quelques paroles et rapports qui se sont tenus au désavantage les uns des autres ». Peut-être qu’une allusion à cette sombre affaire est à l’origine de la querelle.
Cette querelle s’envenime à tel point qu’un homme est chargé par le roi de les accommoder. La périlleuse tâche est confiée à Jacques Nompar de Caumont, le duc de La Force, capitaine des gardes du roi, gouverneur et lieutenant général de Navarre et Béarn. C’est un protestant qui fut un fidèle compagnon d'Henri IV (il était dans le carrosse du roi lors de son assassinat).
Le 22 juillet le roi écrit à la Force afin que celui-ci se trouvant sur place, fasse en sorte d’apaiser l’affaire en organisant un aimable accommodement. Il lui fait transmettre un mémoire et ses instructions afin que ces divisions ne portent préjudice au calme précaire de la province. La reine fait dépêcher un émissaire par le prince de Condé. C’est alors le sage sieur de Coulonges, conseiller du Prince, qui transmets lettres et instructions.
Le 6 août, La Force occupé en Navarre puis indisposé, et manifestement gêné de cette charge, n’a pas encore vu les intéressés mais envoie un gentilhomme se renseigner .Finalement, le 11 août, il indique à la reine que les deux sont venus à sa demande le voir à Orthez, sans accepter de se rencontrer, leur a remis les lettres du roi et de la reine, et tenté avec beaucoup de prudence de les ramener à la raison. Mais il fait état de la difficulté, tant ils sont aigris et brouillés. Gramont se dit offensé et s’étant plaint directement au roi ne veux rien céder avant d’avoir reçu réponse à ses griefs. Les deux gouverneurs en font une question d’honneur. C est un échec. La Force regagne Pau.
Lé 17 août, la reine mère fait alors part de ses craintes que cette querelle n’entraîne des désordres. Aussi écrit elle aux deux pour leur demander de se rendre à la cour au plus tôt. Elle en fait part à La Force le 10 septembre en lui demandant de rester sur place pour suppléer à leur absence et non de rejoindre ses quartiers dans les gardes comme cela était prévu deux fois par an.
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Gramont, venu voir la Force à Pau à la nouvelle de la mort de son fils Jacques tué au siège de Juliers, en Allemagne, l’assure qu’il est prêt à aller se défendre à la Cour. La régente l’y convoquant, il s’y rend en Octobre 1610 et y demeure une partie de 1611. Cet éloignement rétablit provisoirement le calme.
Pendant l'été, Poyanne, à la pressante invitation de Marie de Medicis* rend visite au prince de Condé venu à Bordeaux ( * lettre du 28 mai … « ...desirant qu’il y soit reccu honoré et respecté selon qu il appartient à sa qualité. Je trouve bon que vous-mesmes vous acquittiez de ce debvoir envers luy »).
Comblé des faveurs royales il devient gentilhomme ordinaire de la chambre, conseiller d’Etat, maréchal de camp et même, le 19 décembre, commandant pour le roi dans toute l’étendue du pays et sénéchaussée des Lannes. Un an plus tard, Marie de Médicis ajoute à ces charges celle de capitainerie du château de Saint-Sever, suite à la mort de Jean baron de Laas en place depuis 33 ans .
A son retour de la cour, Gramont n’est pas paru plus conciliant, si bien que les hostilités reprennent, et donc de nouvelles négociations sont nécessaires. Gramont veut des excuses, Poyanne refuse de sacrifier son honneur. Finalement, pressés et lassés, ils acceptent une entrevue chez le marquis de Roquelaure et la paix est enfin conclue en 1612.
Les deux gentilshommes, réconciliés par ordre de la reine régente, n'ont entre eux que des rapports indispensables, ceux que leur imposent les charges qu'ils remplissent en Navarre et Béarn; et encore, le comte de Gramont apporte t’il toujours dans ces relations officielles un reste d'aigreur et de rancune que son caractère altier, jaloux, vindicatif lui permettent difficilement de dissimuler. II n'est pas de tracasseries qu'il ne suscite au gouverneur de Navarrenx. II affecte en toute occasion d'agir en maître absolu dans le Béarn, au mépris des pouvoirs de lieutenant du roi dont Poyanne est investi. Encore qu’il soit probable que ce dernier n’est pas en reste, et qu'en toute occasion il lui rend la pareille.
Mais, au château de Poyanne où s’il s est retiré, le vieux baron Bertrand de Baylenx fatigué va de plus en plus mal et finit par s’éteindre en septembre 1613
22 07 1610
Le roi écrit à La Force et lui envoie un gentilhomme pour lui remettre un mémoire et ses instructions : rencontrer les deux fâchés pour connaître les raisons de la brouille et leur commander de se réconcilier. A défaut d accord il doit en rendre compte et interdire qu’ ils continuent à se chercher querelle, ni de faire aucune assemblée de leurs amis, ni ports d armes contre les ordonnances
11 08 1610
La Force rend compte à De Lomenie qu il a prié Gramont et Poyanne de venir le voir a Orthez. Il les a rencontré à plusieurs reprises mais pas ensemble par la mauvaise volonté de Gramont qui ne veut accepter que sur ordre du roi après que celui ci ait entendu ses plaintes. La Force estime alors qu il sera difficile de les accommoder, avant de retourner à Pau
Le même jour il écrit a Condé pour lui indiquer "les volontés sont merveilleusement altérées entre eux,les offenses grandes, la matière si embrouillée que ce n'est pas une affaire facile à démêler". Gramont a fait ses plaintes au roi et demande d attendre ses ordres
17 08 1610
La reine écrit de Paris à La Force en réponse a sa lettre du 06 pour exprimer ses craintes de désordres provoqués par la querelle
24 08 1610
La reine écrit a La Force en réponse a sa lettre du 11 reçue la veille et lui précise qu'elle a demandé à M Phelypeaux, secrétaire du roi, de lui faire entendre ce qui est de la volonté et intention du roi et sienne touchant à la querelle
16 09 1610
La reine écrit a La Force pour lui indiquer qu elle à écrit aux deux pour leur demander de venir la voir a Paris
La Force écrit de Pau à De Lomenie. Il a vu Gramont venu le visiter a la suite de la mort de son fils et qui lui confirmé qu il était prêt à se rendre a la Cour
11 09 1610
La Force écrit a la Reine en réponse à ses lettres du 27 août pour lui indiquer qu il en a dépêché des copies à Poyanne et Gramont, et les a prié de se rendre a Orthez pour "travailler a cette affaire et rechercher les moyens de leur réconciliation"
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